Inscrites dans le Plan local d’urbanisme, les Orientations d’Aménagement de Programmation (OAP) définies par les élus de l’agglomération prévoient la construction d’au moins 6 000 nouveaux logements dans la partie sud-ouest de l’Ile de Nantes, un secteur de 80 hectares qui entame cette année une reconversion au long cours.
Le réaménagement de l’Ile de Nantes, immense projet urbain amorcé il y a près de vingt ans, entre dans une phase décisive : les plus gros bouleversements à venir se concentreront au sud-ouest de la zone où les transferts successifs du Marché d’Intérêt National (vers Rezé, depuis janvier 2019) et du site de fret ferroviaire actuellement géré par SNCF Réseau (vers le Grand-Blottereau à l’horizon 2021-2022) vont progressivement libérer une emprise stratégique d’une trentaine d’hectares, première étape d’une opération qui, suivant le phasage fixé dans l’OAP, se déploiera ensuite d’est en ouest, depuis le nouveau pôle hospitalier (annoncé en 2026) jusqu’au quartier des Antilles.
La totalité du périmètre à requalifier s’étend sur une superficie globale de 80 hectares, circonscrite au nord par les boulevards de la Prairie-au-Duc et de l’Estuaire et, à l’est, par le Boulevard Gustave- Roch. Dans ce secteur, au paysage encore ponctué de nombreuses friches industrielles et traversé par un important faisceau de voies ferroviaires, Nantes Métropole projette de construire à terme quelque 6 000 logements (dont 25% en HLM et 25% en accession ou locatif abordable*) et d’y accueillir 10 000 habitants. Pour les décideurs, relayés sur le terrain par la Samoa (Société d’Aménagement de la Métropole Ouest-Atlantique), en charge de la maitrise d’œuvre, ce gros programme immobilier doit encourager la mixité et favoriser « l’installation de familles et de propriétaires-occupants en cœur de ville ». Un rééquilibrage apte, selon eux, à freiner l’étalement urbain en périphérie par un renouvellement de l’offre à l’échelle de l’Ile de Nantes.
Voici le phasage des opérations fixé dans le document officiel de la métropole. Il se découpe à la fois dans le temps (une vingtaine d’années) et dans l’espace (cinq quartiers dotés d’une « identité propre » sont identifiés).
La Prairie au Duc (2017-2021)
Le réaménagement de ce quartier, engagé depuis déjà plusieurs années, est le plus avancé. À échéance brève (deux ou trois ans), son parc de logements atteindra sa surface maximale, soit 54 000 m², complétés par 27 000 m² d’activités et de commerces et 22 000 m² d’équipements. C’est le long de son artère principale, éponyme (boulevard de La Prairie-au-Duc) qu’a émergé fin 2018, le programme immobilier îlink, un « village » de bureaux et de 187 habitats à la conception duquel les futurs locataires et propriétaires ont participé à la faveur d’une grande concertation menée très en amont du chantier –depuis 2012 - avec les pouvoirs publics et les promoteurs privés. Cette démarche collaborative, inédite à Nantes, a permis d’enrichir le projet initial d’une « Conciergerie » de quartier où les riverains se retrouvent autour d’une multitude de services partagés.
Quartier des marchandises (2019-2027)
A proximité immédiate du pôle hospitalier, ce secteur accueillera des équipements CHU et des activités de la filière santé biotechnologies. Le programme, qui repose sur une logique de mixité fonctionnelle, prévoit également la création et la remise à neuf de logements, de bureaux et commerces. Le Château d’eau du Min (boulevard Gustave-Roch) sera préservé et intégré au nouvel environnement immobilier.
Quartier de l'hôpital (2026)
La mutation engagée dans ce périmètre desservi par les boulevard Benoni-Goullin et Gustave-Roch, atteindra son point d’orgue en 2026 avec le regroupement, en une structure unique, de l’Hôtel-Dieu (centre-ville) et l’Hôpital Nord-Laënnec (Saint-Herblain). Ce quartier de la Santé concentrera plus de 8 000 salariés et étendra son rayon d’influence au-delà de son emprise originelle de 10 hectares (voir plus haut). Les deux premiers éléments visibles de ce nouveau pôle médical sont sortis de terre début 2017, près de l’usine Beghin-Say : il s’agit de l’Institut de recherche en santé (IRS 2) et Nantes Biotech.
Le tout devra, selon l’OAP, « s’inscrire dans la trame urbaine du sud-ouest de l’île par des axes le traversant nord-sud et est-ouest ».
Quartier Ouest (2027-2037)
A plus long terme, le réaménagement de ce secteur délimité, au sud, par le fleuve et le Quai Wilson, se traduira par la mise en œuvre d’ un ambitieux programme résidentiel inséré dans un réseau de trois espaces paysagers successifs, le parc de la Prairie-au-Duc, la Boire Sainte-Anne et, à hauteur de la berge sud-ouest, la Parc de Loire qui sera le plus étendu (15 hectares). L’objectif défini par l’OAP est d’y introduire « une typologie variée de bâtiments et de façons d’habiter ». Le concept général retenu par les élus et la Samoa vise à faire en sorte que « tous les logements profitent de la proximité la verdure et des vues sur la Loire », le tout dans un environnement structuré par « des espaces publics attractifs ».
Quartier des Antilles
La réhabilitation de ce secteur le plus excentré, qui donne directement sur la Loire (à l’ouest, bras de la Madeleine), n’est pas encore planifiée. Elle fait pourtant partie des plans élaborés par la Métropole, malgré la faible capacité d’urbanisation que présente l’ensemble du site (seulement quelques centaines de m² de surface au plancher): le projet, dont l’élaboration se fera « au gré des opportunités » sans phasage préétabli, consistera en une revalorisation des quais et des anciens hangars portuaires qui jalonnent cette partie de l’île (dont le hangar Saint-Michel) dans le cadre d’une mise en perspective de « leur lien historique avec le fleuve ».
*Cette proportion devra être respectée dans chacun des cinq quartiers qui constituent le périmètre de l’OAP « Ile de Nantes Sud-Ouest ».